1- Sol  2- Les chansons sont des bouteilles à la mer  3- Mers lacrymales  4- Dieter Böhm
5- Baume  6- Un visage lunaire  7- L’envol  8- L’homme volant  9- Dans ls mains de Dieter

Prologue

Sol
(Dominique LEONETTI)

Pauvres rêves englués
Dans les goudrons épais
Blanches plumes endormies
Dans les oreillers jaunis

Pauvres corps lestés de pierres
Que les années altèrent
Lourdes, lourdes paupières
Et les songes derrière

Pauvres hommes promis
Au sol éternel
Aux épaules démunies
Dépourvues d’ailes

Sur ses pieds l’Homo Erectus
Par le ciel attiré
Juste matière pour l’humus
Chevillé au plancher

Belles utopies d’enfants
Où iront-elles au printemps
En masse sur les fils électriques
Épinglées et statiques

Pauvres hommes promis
Au sol éternel
Aux épaules démunies
Dépourvues d’ailes 

Belles utopies d’enfants
Où iront-elles au printemps
Belles utopies d’enfants
Où iront-elles…  Où iront-elles…

Acte I

Les chansons sont des bouteilles à la mer
(Dominique LEONETTI)

J’ai planté une note sur une île déserte
Une note d’espoir pour un avenir
Pour lui donner la vie, parce qu’elle était inerte
Je lui ai offert mon dernier demi soupir

Elle s’est nourrie de rêves pour devenir un air
Une complainte de marin éloigné de son port
Une simple mélodie tout droit sortie de terre
Comme un souffle nouveau, comme un ultime effort

J’ai posé sur l’eau mon refrain d’infortune
Sur la crête d’une vague, je l’ai vu devenir
Un point sur l’horizon et du haut de ma dune
Je l’ai vu s’éloigner, je l’ai vu s’évanouir

Les chansons sont des bouteilles à la mer
On les laisse aller, fragiles et légères
Fébrilement on les confie à l’onde
Désespérément, vers le vaste monde

J’ai planté une note sur une île déserte
Une note de passage pour rejoindre un ailleurs
Comme une délivrance, une fenêtre ouverte
Une chanson est venue comme arrive une fleur

Avec l’incertitude d’un vaisseau de fortune
Et la mélancolie d’un accord mineur
Dans le grand océan, à la vague opportune
Elle a lâché ma main comme un enfant majeur

Ma chanson a franchi les violentes tempêtes
Les désenchantements, les déboires, les galères
Les rochers ennemis, sans dévier de sa quête
Sa recherche éperdue d’un destinataire

Les chansons sont des bouteilles à la mer
On les laisse aller, fragiles et légères
Fébrilement on les confie à l’onde
Désespérément, vers le vaste monde

Mers lacrymales
(Dominique LEONETTI)

Bouteille à la baille
Vogue et bataille
Vers un ailleurs
Vers une âme sœur

Me voici désarmé
Et mes  larmes salées
De mes joues à la mer
Ont quitté la terre

Elles rejoignent celles
De vos prunelles
Les unes aux autres
Les nôtres, les vôtres

Elles s’agglutinent
Solutions salines
Et nos longs sanglots
Deviennent des flots

C’est ainsi que naissent
Des océans de tristesses

Bouteille à la baille
Un sillon se taille
Dans la matière fluide
Dans les plaines liquides

Tous, nous pleurons
Pour que flottent nos flacons
Aux reflets d’opale
Dans les mers lacrymales

Une larme encore
Comme une anaphore
Et encore une
Pour nourrir les dunes

Coulent les rimmels
Et les aquarelles
Et nos longs sanglots
Deviennent des flots

C’est ainsi que naissent
Des océans de tristesses

 

Acte II

Dieter Böhm
(Dominique LEONETTI)

Dans la poitrine de Dieter Böhm
Une grosse caisse bat
En dehors du temps des hommes
Et du monde ici bas

Dans la poitrine de Dieter Böhm
Tailladée par des lames
Une mélodie offre un baume
Au cœur et à l’âme

Une seule chanson l’enivre
De joie et de bonheur
Quand la musique cesse de vivre
Dieter un peu se meurt

Dans la poitrine de Dieter Böhm
Un oiseau en cage
Se heurte au sternum
Cherche le passage

Dans la poitrine de Dieter Böhm
Quelque chose à l’intérieur
Cherche une bouffée d’hélium
Un gout d’apesanteur

Une seule chanson l’enivre
De joie et de bonheur
Quand la musique cesse de vivre
Dieter un peu se meurt

Baume
(Dominique LEONETTI)

Feu le ciel bleu
Feu l’amour
Douce musique un peu
Du velours

Quelques notes à déposer
Sur les rêves endeuillés
Sur les maux et les hématomes
Comme une mer d’huile, un baume

Feu les remèdes
Feu le jour
Douce musique à l’aide
Au secours

En fine pluie sur les pensées
Quelques notes espérées
Sur les maux et les hématomes
Comme une mer d’huile, un baume

Acte III

Un visage lunaire
(Dominique LEONETTI)

Dans l’obscurité
Une chanson éclaire
La face cachée
D’un visage lunaire

Quelqu’un dans la pénombre
A pris la lumière
J’ai vu son corps se fondre
A la couleur primaire

Il profite du sillage
Du projecteur qui passe
qui caresse son visage
De sa chaleur fugace

Dans la profonde nuit
Le noir se dérobe
Une chanson sourit
À la faveur de l’aube

Quelqu’un dans la pénombre
S’offre à la lueur
S’affranchit de son ombre
Epouse la couleur

Il rejoint à la nage
Le halo bleu qui vient
Se fond au paysage
Pour ne faire qu’un

Pour ne faire qu’un
Pour ne faire qu’un
Pour ne faire qu’un

 
Acte IV

L’envol
(Dominique LEONETTI)

instrumental

L’homme volant
(Dominique LEONETTI)

J’ai vu de mes yeux vu
Dieter fermer les siens
J’ai vu de mes yeux vu
Se rompre ses derniers liens

J’ai su de mon cœur su
Qu’il tenait dans ses mains
Ma bouteille perdue
Tous mes rêves et les siens

Quelque part au dessus
Emporté par des notes
Il me semble l’avoir vu
Dépourvu de ses bottes

J’ai vu l’homme volant
J’ai vu l’homme canon
Voyager hors du temps
S’évanouir dans le son

Se sont inversés les pôles
Pour repousser son être
Pour l’émanciper du sol
Qui l’avait vu naitre

Son voyage homérique
Le mène vers les hauteurs
Dans  l’œil de la musique
S’efface la pesanteur

Quelque part au dessus
Emporté par des notes
Il me semble l’avoir vu
Dépourvu de ses bottes

J’ai vu l’homme volant
J’ai vu l’homme canon
Voyager hors du temps
S’évanouir dans le son

Vole en éclats le décor
De ses prisons terrestres
Dieter s’offre aux accords
Comme on se défenestre

Dieter se fait la belle
Il rejoint les guitares
Et il pleure avec elles
Une seule et même histoire

Epilogue

Dans les mains de Dieter
(Dominique LEONETTI)

« Les chansons sont des bouteilles à la mer
On les laisse aller, fragiles et légères
Fébrilement on les confie à l’onde
Désespérément, vers le vaste monde
On les lâche en rêvant qu’elles trouvent preneur
La nôtre est arrivée dans les mains de Dieter »